D’après le « nobiliaire du Nivernais » de Villenault, la branche des Goguelat du Morvan se trouve à Château Chinon depuis le 16è siècle, ayant pour origine la région Lyonnaise.
Ayant pour principales alliances Richou avant 1597 ; Vaucoret, Coufard 1605 ; Tridon, Moreau 1643 ; Desgranges, Coufard, Pernin 1689, Couault, plus tard Née de La rochelle l’historien ; Millin 1772 » (sources registres paroissiaux de Château Chinon et de Clamecy).
Les Tridon sont à Château Chinon depuis le 15è siècle, ils ont droit à un caveau en la Chapelle Notre Dame de Pitié dans le chœur de l’église Saint-Romain ; les Vaucoret sont bourgeois et marchands des le 16è siècle.
« L’armorial Historique et archéologique du Nivernais » de De Soultrait donne une description du blason familial : « chatellenie de Montreuillon et comté de Château Chinon. D’or à la salamandre accompagnée de trois étoiles à six raies d’azur. Nous possédons une lettre datée de Château Chinon en 1788 d’un membre de cette famille signée Goguelat de Loriere dont le cachet offre un écusson ovale d’or à un lézard accompagné de trois étoiles à six raies d’azur. »
Le dictionnaire étymologique des noms de familles Larousse attribue son origine au vieux français « gogue » signifiant liesse, joie, réjouissance et ses dérivés : goguette, propos joyeux ; goguenard pour moqueur et pour les patronymes, Goguin, Goguet, Goguelat pour la région Lyonnaise.
Dans le haut et bas Morvan les registres paroissiaux, les actes de notaires signalent la présence des Goguelat à Lormes, Ouroux et Montsauche.
« registre du controlle
des actes de notaires, bureau de Ouroux »
« du 4may 1700 vu marché de coupe de bois de
soixante livres…par devant Goguelat notaire à Ouroux »
« du 24 may 1700 procès
verbal dressé…..de la grêle tombée sur
les paroisses d’Ouroux….Goguelat
notaire à ouroux » (sources ADN 2c2319)
Les alliances recherchées dans le même milieu, juges, avocats, échevins vont conforter cette ascension.
Par son mariage avec Henriette Couault, elle-même fille d’avocat en parlement, et par le jeu des parentés, la famille devient alliée des Ravisy conseiller à l’élection ; des Petitier notaire à Brassy, un juge à Château Chinon président de l’élection pour la répartition des tailles Jacques Petitier de Boisfranc et un subdélégué de l’intendance de Moulins, Jean Baptiste Petitier. D’autre part les Tépenier comptent un procureur et un échevin.
« le lundi 12 septembre 1740, après avoir dûment publié les bans sans opposition ny empêchement, j’ay marié Me Phillippe Goguelat avocat en parlement fils de feu François Goguelat marchand de bois et de Dame Claudine Tépenier, avec Delle Henriette Couault, fille de Me Jean Couault avocat en parlement et de Delle Geneviève Ravisy, présents et Claudine Tépenier mère de l’époux et de Jacques Bard son oncle, Me Jacques Tépenier cousin germain, Me Jean Couault, père de l’épouse, Me Jacques Petitier son beau frère et d’autres parents et amis sounsignés. »
« …à Château Chinon avant midy…en la maison de Me Jean Couault avocat…lesquels sieur Philippe Goguelat et damlle Henriette Couault du gré vouloir et consentement et aux bontés susdittes et bon gré et bonne volonté ont promis se prendre à mary et femme en face de notre mère sainte église catholique apostolique et romaine. Dès le jour et solénité duquel futur mariage lesd (lesdits) futures seront vus en commun en tous bien meubles… »
La dotte est une partie essentielle de l’acte et est aussitôt abordée :
« … pour acquérir le quel droit de comté de la part du dit sieur futur la dite dame Claudine Tépenier sa mère luy a constitué en dotte de mariage tous les droits paternels et bien et maternels à le bois en quoy quelles puissent constater pour par lui les rechercher aussy…et de la part de la dite demoiselle future ses dits père et mère luy ont constitués en dotte de mariage en avencement de leurs futures succession la somme de cinq mil cinq cent livres. De la quelle somme il en a été payé présentement et contant aux dits futurs. »
S’ensuit le détail composant cette somme :
« Premièrement
la somme de mil soixante et quatre livres quatre deniers en un billet de
pareille somme….fait au proffit du dit sieur Couault par Me Pierre Girardot en
la section ce Château Chinon en datte du 24 aout dernier.
Plus la somme
de onze cent cinquante trois livres dix neuf sols trois deniers restants du au
dit sieur Couault…. Portant obligation consentie a son proffit par Barthelemy
Rateau et Lazare Brossier…soussigné le 25 aoust dernier dûment controllée à
Chat. Chinon par Millin. Plus celle de neuf cent trente deux livres deux sols
deux deniers due au dit sieur Couault pour bestiaux et par obligation par
Pierre Brossier métayer au domaine de Boutenot de la dite dame Claudine
Tépenier et suivant que l’estimation de dits bestiaux à esté faitte par le dit
Brossier et de compte fait et aresté entre luy le dit sieur Couault et le dit
sieur futur.
Plus celle de
sept cent quatre vingt douze livres pour les bestiaux que tient a titre de
cheptel du dit sieur Couault Antoine Feburo laboureur demeurant en grosse
paroisse de Planchez suivant lestimation qui en a esté faite le sept du présent
mois entre le dit sieur Couault et le dit sieur futur.
Plus celle de
six cent dix livres quatorze sols due au dit sieur Couault pour bestiaux et par
obligation Claude Goguelat laboureur demeurant au bourg et paroisse du Planchez
et suivant que lestimation des dits bestiaux a esté faittes entre le dit sieur
Couault et le dit sieur futur le sept du présent mois…
Plus celle de quatre cent livres en principales de rente aux arrérages de vingt livres par an due au sieur Couault et la Dameelle son épouse par Pierre Dolaire et Anne Pellot sa femme demeurant à saint Saulge, par contrat reçut François notaire royal au dit St Auge le dix décembre 1733.
Plus celle de
treize livres six sols huits deniers pour huit mois d’arrérages…
Toutes les dites sommes susdittes montants ensembles a celle de quatre mil neuf cent soixante et six livres deux sols cinq deniers en sorte que des dit cinq mil cinq cent livres il n’en reste du par les dits sieur Couault et Damoiselle Ravisy père et mère de la dite damoiselle future que celle de cinq cent trente trois livres dix sept sols sept deniers qui seront payées aux dit sieur et damoiselle Couault en meubles, linges et argent comptant. »
« De
toutes les quelles dottes cy dessus il en sera confondu dans la communauté des
dits futurs savoir de la part du sieur futur la somme de quinze livres et
pareille somme de quinze cent livres de
la part de la demoiselle future avec tous les revenus de ce qui leur sortira
nature de propres et le surplus d’icelles dottes leurs sortira nature de
propres à chacun d’eux et les leurs de leur costé esté la lignée. Toutes les
successions directes et collatéralles qui pourront arriver au dit sieur et
damoiselles futurs, leurs sortiront aussy nature de propres comme dessus a la
défense des revenus des dites successions qui tombront dans leur communauté.
Douaire ayant
lieu la dite damoiselle future demeurera douce du douaire coutumier en cas de
non enfant du dit futur mariage et en cas d’enfants elle sera et demeureras
seulement douce du douaire préfixé de la somme de deux cent cinquante livres
par an. »
« …donnera le dit sieur futur à la dite damoiselle future des bagues et joyeux jusqu’à la somme de trois cent livres. »
"L’hypothèse de la dot de la dite damoiselle future demeurera sur tous les biens propres du dit sieur futur. Arrivant dissolution de communauté par mort ou autrement si le dit sieur futur survit la dite demoiselle future il prendra sur les effets de la dite communauté la somme de mil livres pour ses livres, armes et chevaux et si c’est la dite damoiselle future qui survive elle aura le choix de renoncer à la dite communauté ou de l’accepter et renonceant a icelle elle prendra pareille somme de mil livres avec sa dotte bagues et joyaux, la jouissance de son douaire et tout ce quelle aura apporté en la dite communauté…aura une chambre garnie sa vie durant ou pour icelle la somme de quatre vingt livres par an la quelle clause sera transmissible aux héritiers directes ou collatéraux de la dite demoiselle future. »
« ….se réservant les dits sieur Couault et la demoiselle Ravisy ainsy qu’ils l’ont fait par le contrat de mariage de demoiselle Didière Couault autre de leurs filles avec Maître Petitier président en l’élection de ce lieu, du notaire soussigné le six février mil sept cent trente, la somme de deux mil livres pour…un ou plusieurs de leurs enfants quils jugeront à propos. Et le surplus du présent contrat non exprimé sera suivy et réglé suivant la coutume du Nivernois. »
« …en présences de Me Jacques Bard marchand demeurant à Château Chinon oncle maternel du dit sieur futur ;
de Me Louis Bard marchand son cousin germain ;
de Me Jacques Tepenier procureur en l’élection de ce lieu son cousin germain,
et de Me François Bladin avocat en parlement aussi son cousin et encore en présence
de Me Jacques Petitier président en l’élection de ce lieu beau frère de la damoiselle future ;
de Me François Gudin avocat son oncle ;
de Me Jean Bredou avocat en parlement receveur au grenier à sel de ce lieu son cousin ; de Me François Guillit Seigr de Mont en ge… son cousin ;
de Me François Moreau bailly du comté de la Roche Millay son cousin ;
de Me Henry Gory avocat en parlement controlleur au grenier à sel de ce lieu son cousin ;
de Me Joseph Jacquard chirurgien juré son cousin ;
du sieur Jerosme Gondier de la Vallée son cousin ;
de Maître Jean Bazot recteur des écoles latines de la ville de Château Chinon ;
du sieur Jean Gudin son cousin germain
et autre leurs parents et amis soussignés et auci les dits sieur et damoiselle futures les dits sieur et damoiselle Couault et la ditte dame Claudine Goguelat pères et mères des dits futurs. »
Les baillis faisaient partis des magistrats et officiers publics, présidant les tribunaux du baillage, ils transmettent les ordres des ministres et règlent les procès entre nobles. Les ordonnances de Moulins, Orléans et Blois prescrivaient qu’ils aient au moins 30 ans et justifient de la noblesse de nom et d’armes et qu’ils aient servis comme officier.
A chaque baillage étaient attachés des avocats, conseillers du siège qui participaient aux délibérations pour les sentences avec le procureur du Roi.
L’ancienne France étant très friande du juridique et le Morvandeau prompt à plaider, un mariage entre familles d’avocats se doit de ne rien laisser au hasard ! c’est ainsi que l’on trouve en fin de contrat une dernière clause qui aujourd’hui peut paraître bien banal :
« …et a esté convenue qu’il sera loisible au dit sieur et damoiselle futurs de rester et demeurer pendant six mois dans la maison des pères et mères de la famille future qui seront tenu de les nourrir pendant le dit temps. »
Le marié, Philippe va exécuter scrupuleusement la promesse faite par contrat, dès le 21 septembre les droits pour les bijoux sont enregistrés.
« du
21 7bre (septembre) 1740 par contrat de
mariage de sr Philippe Goguelat et Dlle Henriette Couault Mouillefer nre(notaire) à Château
Chinon le 12 de ce mois la ditte delle Couault a 300 (livres) # pour bagues et
joyaux et a payé 3# (livres).
Dans son ouvrage dédié au Morvan J.Pasquet confirme que les présents au mariage appartiennent à la « société distinguée » de la ville. Il présente l’ensemble de ses administrateurs : Jean Baptiste Petitier subdélégué (lui succédera Philippe Goguelat en 1762), le corps municipal a pour échevins Tépenier et Moreau, l’avocat fiscal Gudin, le substitut Jacquard.
« Les avocats portent la robe ouverte, boutenée sur le devant le rabat et le bonnet carré. Ils sont nombreux : Guillaume Millin père, Millin fils, Etignard, Jacquard, Moreau, Goguelat, Petitier l’ainé… »
Ce nombre pour
une ville somme toutes de taille modeste est peut être en relation avec cet
esprit chicanier si commun aux Morvandeaux ; Vauban écrivait : « pas
de pays dans le royaume où on ait plus d’inclinaison à plaider que dans
celui-ci. »
A l’élection* de Château Chinon qui donne droit aux privilèges de noblesse, nous trouvons Jacques Petitier de Boisfranc et parmi les conseillers Gudin de Mhère, Ravisy, Millin de Dommartin qui est receveur des tailles.
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